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Bataille pour le gaz en méditerranée orientale


hector

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Bataille turque pour le gaz en Méditerranée orientale

Au sommet de l’OTAN, la Grèce s’insurge contre cet «allié» envahissant. Chypre et l’Égypte partagent cette colère.

 

 

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Athènes poursuit son marathon diplomatique. Afin de contrer la Turquie dans sa ruée vers le gaz et limiter l'impact d'un accord qu'elle a conclu en novembre dernier avec la Libye pour étendre ses frontières maritimes, le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias a effectué, dimanche 22 décembre, des visites éclair dans l'est de la Libye, en Égypte et à Chypre. Le but : trouver des soutiens contre l'accord militaire et maritime qui lie Ankara et le gouvernement libyen d'union (GNA), reconnu par l'ONU, selon des experts et médias grecs.

La Grèce a appelé les Nations unies à condamner cet accord, qui permet à Ankara de revendiquer des droits sur des zones en Méditerranée riches en hydrocarbures, notamment au large de la Crète.

En effet, la découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé les appétits. Plusieurs bateaux turcs sont d'ores et déjà à la recherche de pétrole et de gaz au large de Chypre, sujet de tensions avec l'Union européenne, dont Chypre est membre, la Turquie occupant la partie nord de l'île.

Un gazoduc de 2 000 km pour bloquer la Turquie

Après la tournée du ministre grec des Affaires étrangères, Athènes a annoncé qu'un accord sur le gazoduc EastMed serait signé entre la Grèce, Chypre et Israël le 2 janvier.

Long de 2 000 kilomètres, ce gazoduc devrait faire des trois pays un maillon important de la chaîne d'approvisionnement énergétique de l'Europe et bloquer les tentatives de la Turquie pour étendre son contrôle sur la Méditerranée orientale.

 

La Grèce, qui se tourne habituellement vers l'Union européenne pour les problèmes majeurs, a cette fois pris des initiatives en forgeant des alliances avec Israël et l'Égypte, avec laquelle elle accélère actuellement les discussions pour constituer une zone économique exclusive.

 

"Nous sommes déterminés à nous battre"

Selon Alexis Papachelas, rédacteur en chef du journal de centre-droit Kathimerini, les premiers mois de 2020 vont être durs pour les relations gréco-turques. "Le moment de vérité est devant nous puisque le président turc Recep Tayyip Erdogan semble déterminé (...) à faire avancer les revendications territoriales d'Ankara en mer Égée et dans l'est de la Méditerranée", écrit-il lundi dans un éditorial.

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a prévu une visite officielle à la Maison Blanche le 7 janvier prochain.

L'accord entre la Turquie et la Libye a été condamné par des diplomates américains, mais la position de Donald Trump, qui s'est opposé à son département d'État dans le passé, reste inconnue, le président américain s'étant montré plutôt accommodant avec son homologue turc récemment sur le conflit syrien.

"C'est le genre de situation où tu découvres qui sont tes vrais amis et alliés", note Alexis Papachelas.

"Il est très important que les pays de cette zone montrent leurs muscles face aux provocations de la Turquie", a commenté dimanche Stelios Petsas, le porte-parole du gouvernement grec.

De son côté, le président Erdogan, qui a aussi appelé plusieurs fois à revoir des traités territoriaux de plusieurs décennies avec la Grèce, a affirmé dimanche que la Turquie "n'avait plus le luxe" de rester silencieuse sur la question.

"La Grèce et les pays qui la soutiennent ont depuis longtemps pris leurs dispositions afin que la Turquie ne puisse pas s'étendre sur la mer", a-t-il déclaré.

"Nous sommes le pays avec la plus longue côte en Méditerranée, nous sommes déterminés à nous battre pour protéger nos droits jusqu'au bout et par tous les moyens à notre disposition", a-t-il prévenu.

 

Très remonté, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, presse l’Alliance atlantique de l’aider à raisonner l’intrépide président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Celui-ci vient en effet de s’octroyer une vaste portion de la Méditerranée sans égard pour les îles grecques et Chypre. Cela, sur fond de course aux hydrocarbures. Ambiance!

Voilà qui aggrave les tensions entre la Turquie et ses alliés de l’OTAN. Déjà, au sein de l’Alliance, on a peu apprécié l’offensive militaire lancée par le président Erdogan dans le nord de la Syrie contre les miliciens kurdes qui combattaient pourtant Daech avec l’appui des États-Unis et de la France. Par ailleurs, Ankara contrarie les plans de l’OTAN dans les pays Baltes et en Pologne, les bloquant tant que les Kurdes ne sont pas déclarés «terroristes». Enfin, le leader anatolien a passé commande à la Russie de systèmes antiaériens S400, incompatibles avec ceux utilisés par ses alliés.

 

À présent, voilà ravivé le conflit latent en Méditerranée! Le gouvernement grec ne décolère plus depuis que le président turc a signé, il y a une semaine,

un accord de délimitation maritime avec Fayez el-Sarraj, chef du Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), c’est-à-dire l’autorité à Tripoli reconnue par l’ONU. L’accord semble respecter le tracé souhaité par Recep Tayyip Erdogan pour la zone économique exclusive (ZEE) de son pays. Une carte postée lundi sur Twitter par un diplomate turc précise ce tracé. Au sud, il s’établit en pleine mer, à mi-distance entre l’Égypte et la Turquie. À l’ouest, il frôle les îles grecques de Rhodes, Karpathos et Crète. À l’est, il contourne Chypre jusqu’au nord de l’île, occupé par l’armée turque depuis 1974.

 

Le droit de la mer autorise certes chaque État à définir une zone économique exclusive, dont les ressources peuvent être exploitées, au maximum

jusqu’à 200 milles marins (370,4 km) des côtes. Mais si un autre État se trouve à moins de 400 milles, un compromis doit être trouvé. Or, pas besoin d’être juriste pour voir qu’un tel tracé empiète largement sur les prétentions de ses voisins, qui ont immédiatement déclaré illégal l’accord turco-libyen du 27 novembre!

Peu importe. La Turquie n’est pas du genre à se laisser impressionner. Vendredi dernier, le vice-président turc, Fuat Oktay, a annoncé que le navire de forage Fatih a commencé ses opérations au large de la République turque de Chypre du Nord. Et lundi, Ankara a envoyé sa marine faire des exercices militaires au sud de Rhodes. D’ailleurs, l’accord turco-libyen est intervenu deux semaines après l’adoption par l’Union européenne de sanctions contre Ankara en raison de ses forages gaziers dans des eaux disputées.

 

Course aux hydrocarbures

On l’aura compris, tout ceci est lié à la course aux hydrocarbures qui fait rage en Méditerranée orientale. La découverte, dès 2011, d’énormes champs gaziers entre Chypre, Israël et l’Égypte a conduit ces trois pays ainsi que la Grèce et l’Italie à envisager un pipeline vers l’Europe via l’île de Crète. Un Forum gazier a même été fondé en janvier, auquel ont aussi participé la Palestine et la Jordanie. Cela ne fait évidemment pas les affaires d’Ankara et de son pipeline TANAP, destiné à transporter jusqu’en Europe le gaz venu d’Azerbaïdjan.

Isolée par ses voisins, la Turquie en est réduite à passer des accords bilatéraux avec la République de Chypre du Nord (un État que personne d’autre ne reconnaît) et avec le gouvernement de Libye (un État en guerre civile) pour délimiter une ZEE prévue par le droit de la mer (un traité qu’Ankara n’a jamais ratifié).

Cela dit, Recep Tayyip Erdogan se pose en acteur incontournable, en position de force pour négocier, note Charles Ellinas, directeur de la Compagnie chypriote des hydrocarbures. Sans oublier bien sûr la carte maîtresse de la Turquie face à la Grèce et l’Europe: elle peut toujours menacer de rouvrir le robinet des migrants.

Le paon est réputé pour sa flûte.

 

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