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[PHOTOS] 6 crises sanitaires ayant fait des ravages à Québec


mediom1

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  • Administrateur

De tout temps, la ville de Québec a dû faire face à de grandes crises sanitaires. Chaque siècle, depuis que Jacques Cartier a posé les pieds à Québec, des maladies dévastatrices se sont abattues sur une population impuissante. Alors que les connaissances scientifiques et médicales étaient plutôt rudimentaires, on s'expliquait mal comment la maladie se répandait et on soignait les malades comme on le pouvait.   

En fin de compte, on s'en est toujours sorti, mais au prix de trop nombreuses vies.    

Au moment où la COVID‐19 fait des ravages, voici six de ces crises sanitaires qui ont frappé la capitale et le monde entier.     

1) Le scorbut (1535-1536)  

Procession de Jacques Cartier et de ses hommes, en février 1536, pour demander à la Vierge de les épargner.
Peinture exposée à l'église Saint-Fidèle, photo JF Caron
Procession de Jacques Cartier et de ses hommes, en février 1536, pour demander à la Vierge de les épargner.

En 1535-1536, alors que Jacques Cartier et ses compagnons passent leur premier hiver au Nouveau Monde, ils sont surpris par la rigueur de l'hiver canadien. Ils vivront l'enfer. En décembre, Cartier remarque que la maladie frappe le village de Stadaconé et qu'elle a déjà fait une cinquantaine de victimes. Il interdit alors aux Autochtones d'approcher de son fort pour éviter la contagion. Néanmoins, elle finit par frapper ses hommes.    

Cartier ne connaissait pas cette maladie. Il s'agissait du scorbut et elle n'était pas contagieuse. Elle était provoquée par une carence en vitamines C. Comme on n'avait pas de fruits et de légumes frais, elle frappa sans pitié. Les jambes des personnes atteintes enflaient, les nerfs se contractaient et devenaient noirs. Le mal progressait ensuite aux hanches, aux cuisses, aux épaules, aux bras et au cou. Les dents se déchaussaient, tombaient, puis la mort survenait.    

Au pire de la crise, 100 des 120 hommes de l'expédition étaient malades. Heureusement pour eux, les Stadaconéens leur enseignent le remède: l'annedda. Il s'agissait d'une concoction de cèdre blanc (ou de sapin baumier) qu'il fallait boire.    

Finalement, 25 hommes ont succombé, au point où Cartier doit abandonner la Petite Hermine sur place, faute d'hommes pour la manœuvrer. Cet épisode a été la première crise médicale à l'endroit qui allait devenir Québec.     

2) La fièvre pourpre (1687)  

Religieuse hospitalière de l'Hôtel-Dieu de Québec, James Duncan, 1853
Photo Archives de la Ville de Montréal
Religieuse hospitalière de l'Hôtel-Dieu de Québec, James Duncan, 1853

Au XVIIe siècle, Québec a connu plusieurs épidémies de ce qu'on appelait alors la fièvre pourpre. La plus meurtrière frappe en 1687.    

La maladie débutait par la rougeole, puis la peau virait au pourpre. Les malades étaient atteints d'une forte fièvre. Enfin apparaissait une inflammation de la paroi thoracique, de la plèvre et des poumons, puis venait la mort.    

La maladie se propageait par les poux, généralement à l'arrivée d'un navire infecté.    

En 1687, elle emporte 550 Canadiens, ce qui est énorme puisque la Nouvelle-France en entier (Canada, Acadie et Louisiane) comptait environ 11 000 habitants.    

On croit aujourd'hui qu'il s'agissait du typhus. Cette maladie frappera encore à quelques reprises, emportant par exemple, en 1756, le médecin Jean-François Gaultier alors qu'il soignait de nouveaux arrivants.     

3) La variole (1702)  

Cimetière des Picotés tel qu'il était en 1806, plan-relief Duberger, Parcs Canada
Photo S. Lamontagne
Cimetière des Picotés tel qu'il était en 1806, plan-relief Duberger, Parcs Canada

En 1700-1701, Québec est touchée par une épidémie de grippe qui fait une centaine de victimes, dont le chirurgien Timothée Roussel qui s'activait auprès des malades de l'Hôtel-Dieu.    

La population souffle à peine que l'année suivante, en 1702, la ville est à nouveau touchée, cette fois-ci par la variole, communément appelée la petite vérole. Les personnes atteintes sont couvertes d’éruptions cutanées semblables à la varicelle. Par conséquent, on qualifie bientôt les malades de «picotés».    

On comptera plus de 300 victimes dans la ville. On dit que les prêtres suffisaient à peine à assister les mourants et à enterrer les morts.    

Ceux-ci sont inhumés à la hâte dans un cimetière qui prendra rapidement le nom de «cimetière des picotés». Il se situait à l’intérieur du Vieux-Québec, dans l’actuel quadrilatère formé des rues Couillard, des Remparts, Hamel et Saint-Flavien. Par souci de santé publique, ce cimetière sera fermé, puis déménagé en 1857.     

4) Le choléra (1832)  

Le choléra à Québec en 1832; feux pour brûler les miasmes.
Toile de Joseph Légaré, MNBAQ
Le choléra à Québec en 1832; feux pour brûler les miasmes.

En 1832, l’Occident est frappé par le choléra. Venu de l’Inde, il apparaît d’abord en France et en Angleterre avant de faire son apparition en Amérique. Ce sont principalement les immigrants irlandais qui rêvaient d’une vie meilleure et qui venaient en Amérique qui transportent la maladie. Québec n’y échappe pas et les premiers cas y font leur apparition au début du mois de juin.    

Finalement, en 1832, sur une population de moins de 25 000 personnes, on estime que plus de 2000 habitants en meurent, et c'est sans compter les immigrants eux-mêmes. Les malades souffraient notamment de nausées, de vomissements et de diarrhées.    

Les connaissances de l’époque sont limitées et deux groupes de médecins s’affrontent. Il y a ceux qui croient que la maladie se transmet par contagion et ceux qui l’attribuent aux miasmes, c’est-à-dire ces nuages d’émanations provenant de l’eau stagnante, des détritus ou des matières en décomposition. Elle était évidemment contagieuse. Il y aura un autre épisode de choléra à Québec en 1834, mais de moindre sévérité.    

C’est lors de l’épidémie de 1832 que le cimetière des cholériques de la Grande Allée sera ouvert (au coin de l’avenue De Salaberry) ainsi que la station de quarantaine de la Grosse-Île.    

Plusieurs croyaient qu'en allumant des feux, on pouvait brûler les miasmes. Les gens apeurés demeuraient cloîtrés chez eux, les plus fortunés quittaient la ville pour aller à leurs maisons de campagne. Il s’agit d’une crise dont les Québécois se souviendront longtemps.     

5) Le typhus (1847)  

Monument aux médecins et cimetière des Irlandais, LHN de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais
Photo Jean-François Gosselin
Monument aux médecins et cimetière des Irlandais, LHN de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais

En 1847, la ville de Québec est aux prises avec une nouvelle épidémie, celle du typhus.    

La maladie était arrivée chez nous par les navires transportant les immigrants irlandais qui fuyaient la famine. Étant affaiblis, plusieurs d'entre eux avaient contracté la maladie avant leur départ.    

Sur les 100 000 individus qui traversèrent, 5000 périrent en mer avant leur arrivée et plus de 5000 moururent à la station de quarantaine de Grosse-Île. Malgré les mesures prises, la maladie atteint la capitale.    

Les malades avaient de fortes fièvres, des éruptions cutanées, des maux de tête, des frissons, de la toux et des vomissements.    

Au cours de cette seule année, près de mille personnes mourront à l'Hôpital de la Marine située à la pointe aux Lièvres dans le quartier Saint-Roch, à l'endroit où se trouvaient encore récemment les bureaux de l'Agence du revenu du Canada. Et c'est sans compter ceux qui moururent seuls chez eux.     

6) La grippe espagnole (1918)  

L'Action catholique, 4 octobre 1918

En septembre 1918, les esprits auraient dû être à la fête puisque la Grande Guerre tirait à sa fin. Pourtant, une étrange maladie frappe Québec et le monde entier. Certains croient que c'est le retour de la peste. À Québec, les premiers cas seraient apparus parmi des militaires de retour du front et hospitalisés à l'Hôpital militaire de la rue Saint-Louis.    

La maladie se propage à une vitesse fulgurante. Dans les cas les plus graves, la mort survenait en quelques jours. La médecine et la pharmacie sont impuissantes devant le fléau. On n'a que l'aspirine pour toute arme.    

On recommande aux gens de s'isoler et de prendre l'air. Le 8 octobre, le Bureau de santé de Québec décide de fermer tous les commerces et les écoles pour enrayer l'épidémie. Ces établissements ne rouvriront que le 7 novembre. En quelques jours, la ville est déserte. On suspend un ruban à la porte des maisons où se trouve un malade. On garde ses distances et on devient suspicieux.     

Malgré son nom, cette grippe serait apparue aux États-Unis, au Kansas. En raison de la censure imposée par la guerre, personne n'en parle, sauf la presse espagnole.    

Tout le monde se met alors à parler de la grippe espagnole. La maladie réapparaîtra en 1919 et en 1920, mais de façon beaucoup moins sévère.    

Au Québec, un demi-million de personnes auraient contracté la maladie, dont 14 000 en mourront. Dans la ville de Québec, on comptera près de 500 victimes mortes en seulement un mois.     

Un texte de Jean-François Caron, historien   

  • Vous pouvez consulter la page Facebook de la Société historique de Québec en cliquant ici et son site web en vous rendant ici.  
  • Vous pouvez également lire nos textes produits par Bibliothèque et Archives nationales du Québec en cliquant ici. 

                                         À la gang, on sait tout. 

 

                             Mediom1-Administrateur

 

 

 

 

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