Administrateur mediom1 Posted February 18, 2021 Administrateur Share Posted February 18, 2021 Hugo Duchaine Jeudi, 18 février 2021 01:00 MISE À JOUR Jeudi, 18 février 2021 01:00 Le Journal a eu droit à une visite de l’Hôpital de Verdun la semaine dernière, où les employés épuisés reprennent leur souffle, tout en redoutant qu’une troisième vague revienne les submerger. Roulant à plein régime pendant les Fêtes avec 37 patients, l’aile du 5e étage sud est aujourd’hui d’un calme étonnant. Une poignée de malades infectés par la COVID-19 y sont encore hospitalisés. « On est pas mal sûrs qu’il va y avoir une troisième vague avec la relâche, les variants, le déconfinement partiel et la fatigue des gens en général. On a un petit répit [...] mais on se prépare », souffle le Dr Jean-François Thibert. Le directeur des soins professionnels n’a pas eu une vraie journée de congé depuis le début décembre. Ses collègues et lui sont plus fatigués, mais aussi plus irritables. Car tout est plus long et compliqué avec la COVID-19. « Si un patient doit passer un examen, avant c’était simple, tu prenais le patient et tu l’amenais dans la salle d’examen, point, relate l’infirmier Stéphane Lo. Mais là, on doit communiquer avec la sécurité, ça prend un long processus pour qu’ils libèrent le corridor au complet. On perd du temps, c’est long, long, long, et pendant ce temps-là, le patient peut aller moins bien, il faut le surveiller. » Chaud et inconfortable Quand on est vêtu d’un masque N95, d’une visière et d’une jaquette imperméable, l’endroit devient vite d’une chaleur accablante, comme a vite pu le constater le représentant du Journal, portant le même attirail et dont la visière s’embuait en quelques minutes. « Tu peux juste être assis sur place un petit cinq minutes et suer », lance Stéphane Lo, qui se console en ayant perdu quelques kilos ces derniers mois. « On n’a pas le droit de boire, pas le droit d’aller aux toilettes, sauf si on se déshabille complètement », poursuit l’homme de 29 ans. L’équipement n’est enlevé que pour aller manger, car le processus prend à lui seul huit minutes. Plus de lits La capacité a dû augmenter au même rythme qu’arrivaient les patients, explique Christian Lainé, coordonnateur clinico-administratif. « Les demandes d’hospitalisation COVID-19 augmentaient à coup de deux, trois, toutes les 24 heures. On s’est dit : mais mon dieu, qu’est-ce qu’on va faire ? » relate-t-il, se rappelant les premiers mois de la pandémie. En une journée, des murets étaient construits pour séparer les corridors et ouvrir de nouvelles chambres. Ici, les patients ne sont pas intubés, sous respirateur artificiel. Couchés ou assis sur une chaise, tous sont néanmoins faibles, rendant étrangement calme tout l’étage. Si bien que les employés apprennent à les connaître, eux et leurs proches. « Lorsqu’on soigne un patient et qu’à un moment donné, le patient décède, on a l’impression qu’on n’a pas fait notre job, qu’on est impuissant... », souffle l’infirmière Joelle Djomo. Une dure réalité, dont Le Journal a été témoin. À la sortie de l’unité, de retour au rez-de-chaussée, deux sacs noirs contenant des corps de patients décédés quittaient eux aussi l’hôpital. HUIT MINUTES POUR TOUT ENLEVER Le personnel qui quitte une zone rouge à l’hôpital doit suivre ces 19 étapes, un processus qui prend environ 8 minutes. Se laver les mains 1 minute Détacher la jaquette Se laver les mains Retirer la jaquette en la roulant Se laver les mains Retirer la visière Nettoyer l’intérieur de la visière avec une lingette désinfectante Nettoyer l’extérieur de la visière avec une lingette différente Mettre la visière dans un sac en plastique Se laver les mains Retirer le bonnet, puis les pantoufles Se laver les mains Transférer son téléphone cellulaire, déjà dans un sac en plastique, dans un nouveau sac Se laver les mains Retirer le masque N95 et le mettre dans un sac brun Se laver les mains Frotter ses souliers sur le tapis 10 secondes Mettre un nouveau masque de procédure Mettre la visière et le masque N95 dans une armoire à cet effet dans la salle d’habillage Photo Hugo Duchaine Une urgence sur le qui-vive Branle-bas de combat à l’urgence de l’Hôpital de Verdun : un patient arrive en ambulance en détresse respiratoire. Photo Hugo Duchaine Des soignants de l’urgence surveillent un patient en détresse respiratoire par la fenêtre d’une chambre adjacente, pour réduire les risques d’infection. La moitié de l’équipe médicale enfile à la course l’équipement de protection pour se rendre à son chevet dans une chambre à pression négative, qui aspire l’air, limitant la propagation du virus. L’autre moitié surveille par la vitre dans la chambre adjacente. Une façon de réduire les risques de contagion. « Tout est plus compliqué. Avant, c’était tout ouvert, explique le Dr Jean-François Thibert. Quand on rentre dans la salle de réanimation, on est généralement là 45 à 60 minutes, alors qu’avant on était là 30 minutes environ. Tout est deux fois plus long avec les précautions. » Le dossier du patient est montré au médecin par la fenêtre, pour connaître sa médication usuelle, par exemple. Les soignants se coordonnent avec des walkies-talkies, pendant que le patient reçoit 60 litres d’air par minute par ses narines. Photos Hugo Duchaine Deux employées préparent la médication de patients dans la zone rouge (en mortaise) du 5e étage sud de l’Hôpital de Verdun. En quelques minutes, l’état du patient se stabilise. Un test de dépistage devra déterminer s’il avait la COVID-19, mais ici, aucun risque n’est pris. L’ancien garage des ambulances a été transformé pour servir de salle de prétriage. Les patients qui arrivent sont dépistés et isolés s’il y a le moindre doute qu’ils ont la COVID-19. Ces précautions font en sorte que chaque quart de travail doit compter sur trois infirmières et deux préposés de plus qu’avant la pandémie. Ground zero Photo Hugo Duchaine C’est dans cette pièce que la première patiente atteinte du coronavirus a été hébergée. C’est en quelque sorte le Ground Zero de la COVID-19 au Québec. L’Hôpital a été le Ground Zero de la COVID-19 au Québec, comme l’explique le Dr Thibert, en accueillant la toute première patiente infectée à la fin février 2020, une voyageuse revenant d’Iran. Photo Hugo Duchaine Ces moniteurs pour bébés servent à surveiller les malades. Des murs ont rapidement été bâtis pour séparer des lits, qui n’étaient auparavant divisés que par un rideau. Pour éviter d’entrer trop souvent dans les chambres et parler au personnel à l’intérieur, des moniteurs pour bébés munis de caméra ont été achetés. Malgré tout ce qui est mis en œuvre, l’urgence a vécu une petite éclosion pendant les Fêtes, lorsque des employés se sont infectés entre eux. C’est pourquoi la vigilance est toujours de mise. L’infirmière-chef Érika Fontaine-Pagé reste aux aguets et n’hésite pas renvoyer au vestiaire un médecin résident qui a oublié de revêtir sa jaquette. Des employés malades retournent au front « J’ai eu peur », confie l’infirmière Dominique Demers au sujet de sa bataille contre la COVID-19 pendant la première vague. Un combat qui l’a tenue loin du front pendant des mois. Malgré ses craintes, l’infirmière-chef de 52 ans n’a cependant pas hésité quand on lui a demandé de diriger l’unité d’hospitalisation COVID-19 à l’Hôpital de Verdun. « Quand je suis revenue, je me suis dit : je comprends ce qui se passe », dit-elle, sachant les dangers qui guettaient ses collègues. Car le virus l’a happée par surprise, comme un accident de voiture, dès le début de la pandémie. « La première vague, c’était vraiment l’enfer », renchérit l’infirmière Joelle Djomo. On n’était pas assez outillés, on n’avait pas de matériel et les directives étaient un peu... elles changeaient chaque heure. » Isolée de ses enfants La mère de quatre enfants a été infectée, heureusement sans symptômes, mais elle s’est enfermée 14 jours dans une petite chambre pour protéger sa famille. « C’était dur. [Les enfants] savent que tu es là, mais tu ne peux pas ouvrir, tu es obligée de rester là. » À son retour, elle a aussi vu sa charge de travail exploser. Comme infirmière, elle était responsable d’au moins 10 patients avant que le délestage soit entamé. Un trop grand nombre, dit-elle, pour des malades dont l’état peut changer en quelques heures et dont les familles, privées de visite, doivent être quotidiennement tenues informées. Stéphanie Malaval est l’une de ces infirmières venues en renfort avec le délestage. « C’est très agréable de travailler avec eux, souligne-t-elle. Sachant qu’eux, ça fait un an... Un an qu’ils travaillent comme des fous pour essayer d’éradiquer ce virus. » Mais l’infirmière demande aux Québécois de rester prudents, car les soignants ont hâte de prendre des vacances, poursuit-elle. Elle rêve de s’étendre au soleil ou de prendre l’avion pour aller voir sa mère en France, par exemple. Quote À la gang, on sait tout. Mediom1-Administrateur Link to comment Share on other sites More sharing options...
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