jack Posted December 5, 2022 Share Posted December 5, 2022 TikTok : des chercheurs s’alarment des conséquences d’une « armée de grenouilles » élevée par un étudiant Valisoa Rasolofo & J. Paiano·13 juillet 2022 Dans la nature, chaque être vivant a une place bien précise au sein de l’écosystème. La présence de chacun contribue à un cycle naturel vital, et la surabondance des uns peut conduire à l’extinction des autres. Cependant, lorsque l’on introduit ou élève des espèces en masse— surtout celles exotiques ou non natives—, cela peut avoir des conséquences majeures. Et bien que les avancées dans le domaine de la biologie aient largement contribué à la sensibilisation sur l’importance des écosystèmes, de nombreux chercheurs et surtout d’expérimentateurs amateurs se montrent irresponsables, comme le révèle une récente vidéo devenue virale sur TikTok. Probablement dans une puérile quête de popularité, un jeune utilisateur anglais avec le pseudonyme « thinfrog » a élevé clandestinement des millions d’amphibiens, en disant ironiquement vouloir créer sa propre « armée de grenouilles ». Les experts en conservation de l’environnement craignent l’irréparable, car l’espèce pourrait devenir envahissante. De plus, déjà vue par des millions de personnes, la vidéo pourrait inciter d’autres à la même pratique. Au cours de ses milliers d’années d’évolution, la nature a su maintenir un délicat équilibre, en régulant les populations de chaque espèce qui la compose, au sein de ce que l’on appelle « l’écosystème global ». Pour parvenir à notre compréhension actuelle du fonctionnement des écosystèmes, plusieurs siècles de recherches ont été nécessaires. Aujourd’hui, nous savons notamment que ce sont des systèmes autonomes, dans lesquels il ne faut pas trop interférer, au risque de conséquences désastreuses. À LIRE AUSSI : Des physiciens déterminent (enfin) la forme idéale d’un urinoir pour limiter les éclaboussures Au sein d’un écosystème, chaque être vivant interfère avec son habitat selon un cycle qui semble a priori chaotique, mais qui est pourtant étonnamment précis. Il s’agit notamment d’un réseau complexe où se mettent en place des cohabitations intraespèces (entre individus d’une même espèce) et interespèces (entre individus d’espèces différentes). Ces communautés utilisent des flux de nutriments et de matières constamment renouvelés dans leurs habitats, afin de maintenir un équilibre optimal. Soutenez-nous en achetant un poster qui en jette : Prenons comme exemple l’abeille qui, à la fois pollinise et permet à la plante de se reproduire, tout en y récoltant juste ce dont elle a besoin pour se sustenter. Mais les abeilles servent aussi de nourriture aux oiseaux et aux amphibiens (et même certaines plantes carnivores), qui à leur tour nourrissent d’autres animaux. Et en mourant, l’ensemble se décompose et nourrit les insectes nécrophages ou sert d’engrais aux plantes. Tant que cet équilibre est maintenu, la loi de conservation des masses lors du changement d’état de la matière, résumée par la célèbre phrase « rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme » (citation d’Antoine Lavoisier), semble s’appliquer à la nature. Dans le temps, l’homme a tenté de « dompter » la nature en introduisant des espèces là où elles n’étaient pas présentes auparavant, perturbant par la suite les écosystèmes. Dans les années 1800, des colons ont par exemple introduit des mangoustes (Urva auropunctata) en Guadeloupe pour chasser les rats. Mais le vorace petit carnivore s’est largement répandu en consommant reptiles, oiseaux et amphibiens, … dont certains ont par la suite complètement disparu. Ce principe s’applique également à la flore : citons comme exemple le fait que certaines espèces d’acacias introduites dans de nombreux pays pour des projets de reboisement finissent par devenir envahissantes, car non adaptées aux écosystèmes locaux en question. Par ailleurs, les écosystèmes hautement endémiques (tels que ceux de Madagascar, de Nouvelle-Zélande, de la Nouvelle-Guinée, …) sont les plus fragiles et les plus sensibles à de telles perturbations. Des conséquences imprévues Selon sa vidéo TikTok, thinfrog aurait ramassé des oeufs dans un étang peu profond près de chez lui, en février de cette année. Il a affirmé avoir collecté plus de 1,4 million d’œufs, qu’il a laissé incuber dans une petite piscine qu’il a lui-même construite. Dans l’une de ses vidéos, il a déclaré vouloir créer la plus grande « armée de grenouilles » de l’histoire, et creuser ensuite un étang géant pour élever 10 millions de ces amphibiens, l’an prochain. La tendance semble populaire, car un autre utilisateur du réseau social a affirmé avoir relâché 100 millions de coccinelles à Central Park, à New York. Bien que l’on ne puisse pas encore confirmer la véracité des vidéos, la communauté scientifique s’inquiète, car elles pourraient influencer des millions de personnes à travers la planète. Certains spectateurs auraient même demandé comment élever leurs propres amphibiens. Thinfrog a accumulé plus de 20 millions de likes, et le jeune Anglais compte désormais plus de deux millions d’abonnés. La vidéo du lâché de coccinelles quant à elle, a été « likée » près de 42 millions de fois. De plus, après avoir reçu des commentaires encourageants, les deux utilisateurs auraient promis de lâcher davantage d’essaims d’animaux dans la nature, et auraient même laissé entendre une rencontre éventuelle. « Cela me fait grincer des dents », s’exaspère Tierra Curry, biologiste de la conservation de la nature au Centre pour la diversité biologique, à Tucson. Au lieu de les aider, ces « pseudo-naturalistes » font à la fois du mal aux animaux qu’ils élèvent ainsi qu’à ceux présents dans les zones où ils sont relâchés, d’après l’experte. En devenant envahissantes, ces grenouilles pourraient réduire la population de pollinisateurs, et entraver la production alimentaire. Elles pourraient aussi augmenter la prédation pour d’autres animaux et conduire à l’extinction des plus vulnérables. Elles peuvent également devenir des vecteurs de maladies pour d’autres animaux, mais aussi pour l’Homme. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Dans la nature, chaque être vivant a une place bien précise au sein de l’écosystème. La présence de chacun contribue à un cycle naturel vital, et la surabondance des uns peut conduire à l’extinction des autres. Cependant, lorsque l’on introduit ou élève des espèces en masse— surtout celles exotiques ou non natives—, cela peut avoir des conséquences majeures. Et bien que les avancées dans le domaine de la biologie aient largement contribué à la sensibilisation sur l’importance des écosystèmes, de nombreux chercheurs et surtout d’expérimentateurs amateurs se montrent irresponsables, comme le révèle une récente vidéo devenue virale sur TikTok. Probablement dans une puérile quête de popularité, un jeune utilisateur anglais avec le pseudonyme « thinfrog » a élevé clandestinement des millions d’amphibiens, en disant ironiquement vouloir créer sa propre « armée de grenouilles ». Les experts en conservation de l’environnement craignent l’irréparable, car l’espèce pourrait devenir envahissante. De plus, déjà vue par des millions de personnes, la vidéo pourrait inciter d’autres à la même pratique. Au cours de ses milliers d’années d’évolution, la nature a su maintenir un délicat équilibre, en régulant les populations de chaque espèce qui la compose, au sein de ce que l’on appelle « l’écosystème global ». Pour parvenir à notre compréhension actuelle du fonctionnement des écosystèmes, plusieurs siècles de recherches ont été nécessaires. Aujourd’hui, nous savons notamment que ce sont des systèmes autonomes, dans lesquels il ne faut pas trop interférer, au risque de conséquences désastreuses. À LIRE AUSSI : Des physiciens déterminent (enfin) la forme idéale d’un urinoir pour limiter les éclaboussures Au sein d’un écosystème, chaque être vivant interfère avec son habitat selon un cycle qui semble a priori chaotique, mais qui est pourtant étonnamment précis. Il s’agit notamment d’un réseau complexe où se mettent en place des cohabitations intraespèces (entre individus d’une même espèce) et interespèces (entre individus d’espèces différentes). Ces communautés utilisent des flux de nutriments et de matières constamment renouvelés dans leurs habitats, afin de maintenir un équilibre optimal. Soutenez-nous en achetant un poster qui en jette : Prenons comme exemple l’abeille qui, à la fois pollinise et permet à la plante de se reproduire, tout en y récoltant juste ce dont elle a besoin pour se sustenter. Mais les abeilles servent aussi de nourriture aux oiseaux et aux amphibiens (et même certaines plantes carnivores), qui à leur tour nourrissent d’autres animaux. Et en mourant, l’ensemble se décompose et nourrit les insectes nécrophages ou sert d’engrais aux plantes. Tant que cet équilibre est maintenu, la loi de conservation des masses lors du changement d’état de la matière, résumée par la célèbre phrase « rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme » (citation d’Antoine Lavoisier), semble s’appliquer à la nature. Dans le temps, l’homme a tenté de « dompter » la nature en introduisant des espèces là où elles n’étaient pas présentes auparavant, perturbant par la suite les écosystèmes. Dans les années 1800, des colons ont par exemple introduit des mangoustes (Urva auropunctata) en Guadeloupe pour chasser les rats. Mais le vorace petit carnivore s’est largement répandu en consommant reptiles, oiseaux et amphibiens, … dont certains ont par la suite complètement disparu. Ce principe s’applique également à la flore : citons comme exemple le fait que certaines espèces d’acacias introduites dans de nombreux pays pour des projets de reboisement finissent par devenir envahissantes, car non adaptées aux écosystèmes locaux en question. Par ailleurs, les écosystèmes hautement endémiques (tels que ceux de Madagascar, de Nouvelle-Zélande, de la Nouvelle-Guinée, …) sont les plus fragiles et les plus sensibles à de telles perturbations. Des conséquences imprévues Selon sa vidéo TikTok, thinfrog aurait ramassé des oeufs dans un étang peu profond près de chez lui, en février de cette année. Il a affirmé avoir collecté plus de 1,4 million d’œufs, qu’il a laissé incuber dans une petite piscine qu’il a lui-même construite. Dans l’une de ses vidéos, il a déclaré vouloir créer la plus grande « armée de grenouilles » de l’histoire, et creuser ensuite un étang géant pour élever 10 millions de ces amphibiens, l’an prochain. La tendance semble populaire, car un autre utilisateur du réseau social a affirmé avoir relâché 100 millions de coccinelles à Central Park, à New York. Bien que l’on ne puisse pas encore confirmer la véracité des vidéos, la communauté scientifique s’inquiète, car elles pourraient influencer des millions de personnes à travers la planète. Certains spectateurs auraient même demandé comment élever leurs propres amphibiens. Thinfrog a accumulé plus de 20 millions de likes, et le jeune Anglais compte désormais plus de deux millions d’abonnés. La vidéo du lâché de coccinelles quant à elle, a été « likée » près de 42 millions de fois. De plus, après avoir reçu des commentaires encourageants, les deux utilisateurs auraient promis de lâcher davantage d’essaims d’animaux dans la nature, et auraient même laissé entendre une rencontre éventuelle. « Cela me fait grincer des dents », s’exaspère Tierra Curry, biologiste de la conservation de la nature au Centre pour la diversité biologique, à Tucson. Au lieu de les aider, ces « pseudo-naturalistes » font à la fois du mal aux animaux qu’ils élèvent ainsi qu’à ceux présents dans les zones où ils sont relâchés, d’après l’experte. En devenant envahissantes, ces grenouilles pourraient réduire la population de pollinisateurs, et entraver la production alimentaire. Elles pourraient aussi augmenter la prédation pour d’autres animaux et conduire à l’extinction des plus vulnérables. Elles peuvent également devenir des vecteurs de maladies pour d’autres animaux, mais aussi pour l’Homme.
hector Posted December 8, 2022 Share Posted December 8, 2022 De tout un peu : J'aime bien aussi le lien intégré : À LIRE AUSSI : Des physiciens déterminent (enfin) la forme idéale d’un urinoir pour limiter les éclaboussures En ce qui concerne les mangoustes à Hawaï, ils ont fait la même chose . les importer pour combattre les rats , surmulots espèce exogène mais ce qui n'est pas dit - quand ils font mention de Madagascar - c'est que ils se sont plantés car le rat est nocturne et la mangouste diurne : alors les mangoustes et les rats ne se voient pas et les mangoustes bouffent les oiseaux Pour les coccinelles au Québec ils en ont importé aussi, des asiatiques pour bouffer les pucerons dans les serres et en faire une lutte biologique en somme mais elles ont proliféré, elles trouvent refuge dans les maisons l'automne venu et sont vindicatives : elles mordent si on les dérange Quant aux grenouilles le gars les a ramassées dans un étang derrière chez lui alors il ne peut s'agir d'une espèce exotique! Quote Le paon est réputé pour sa flûte. Link to comment Share on other sites More sharing options...
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